SECOND DEVELOPPEMENT: éléments de synthèse et éléments associés.

Pour faire une synthèse des quatre signes fixes, j'en ai étudié la structure:

    L'ensemble réunissant les ensembles des traits communs et des traits communs à moins de quatre signes par le nombre de traits qui le constitue _21_ par rapport à celui des quatre signes fixes _19_, et par son dessin, pouvant caractériser une face anthropomorphe, pourrait correspondre à la figure du christ. Ceci apparaît mieux par un tracé droit (à la règle) que par le tracé elliptique (qui correspond à un tracé à main levé).

Voici donc une représentation possible du Christ, acheiropoïète, entouré des quatre vivants ou, plus précisément, de la face de chacun d'eux. Ici l'emplacement correspondant à leurs yeux est coloré en bleu:

 Cet ensemble a, selon diverses cultures, différentes interprétations.

     Pour commencer dans la tradition occidentale, il peut être comparé à la lame 21 du tarot              'Le monde':

La superposition de figures, je le rappels, est un élément récurent de ces tracés; et, dans ce cas, 'les cent mille chants' de Milarépa, texte traditionnel du bouddhisme tibétain, font écho de la Dakini résidant dans la sphère du crâne _muse ou inspiratrice du yogi.

                                             (L'évangéliste Matthieu - Théodore de Prague, 1365)

La Dakini, représente l'énergie, l'intuition féminine, sans corruption; littéralement, elle est celle qui agit du 'Tac-o-tac', transcendant les idées toutes faites; révèlant, les apparences, le monde, tel qu'il est:     

"Elle rit, il sent dans son rire comme de la tendresse... ( ) Comme sous l'effet d'un calmant, sous l'effet d'un euphorisant, tout en lui se détend, tout se relâche, s'amollit... toutes les barrières dressées en lui, toutes ces haies de buissons piquants, comme celles qui entourent les lopins de terre bretons, qui le divisent en petites parcelles bien closes et empêchent celui qu'il a laissé pénétrer sur l'une d'elles d'aller où bon lui semble, ont disparu... elle peut entrer partout, tout est à elle, à eux deux, qu'elle s'installe où elle voudra. Mais elle n'a pas à s'installer. Elle est ici depuis toujours, elle a toujours vécu ici, ils ne font qu'un..." 

                                                                         Nathalie Sarraute- Entre la vie et la mort.

"Le Mahasiddha [grand fils spirituel (du bouddha)] Kumaripa reçoit 'le nectar de l'instruction secrète' d'une dakini".

Illustration dans 'Le Temple Secret du Dalai Lama"; Ian Baker, Thomas Laird; Ed. de La Martinière.

/éléments d'études connexes: la fiancée de l'agneau, le rite de Tara blanche, le château en spiral de la déesse blanche (mythe celte).

     Poursuivons avec des éléments de la tradition bouddhiste tibétaine, nous pouvons discerner à partir de l'image ci-dessus, c'est un peu moins évident, les symboles des cinq qualités de l'Eveil: _au taureau, la gemme, symbole d'égalité _au lion, le lotus, symbole de commisération _au verseau, la foudre, symbole d'inébranlabilité _au scorpion, la foudre croisée, symbole de parfait accomplissement _et, au centre, avec ici à la place du symbole combiné précédent, le seul ensemble des traits communs deux à deux, la roue, symbole de pure sainteté (de totalité):

Ils existent d'autres dispositions et d'autres symboles, dont principalement:
la foudre, échangeant sa place avec celle de la roue, prend la place centrale.
Souvent encore, à la place de la foudre croisée, il y a une épée; nous pouvons gager qu'elle correspond au dessin apparaissant au centre de la roue, tandis que la foudre croisée est elle-meme identifiée à une roue; leurs places sont donc échangées.

    
     
Enfin, au Scorpion peut aussi être reconnu un autre important objet rituel, la clochette qui, en tant que représentation de l'énergie féminine,  est souvent associé à la foudre, symbole d'énergie masculine.

Pour faire la transition, nous pouvons noter que ce dernier aspect peut être associé à la principale des déesses égyptiennes: Isis, _celle protégée par les scorpions_.

 

     Egypte antique: les vases canopes. 


Ces vases, toujours au nombre de quatre et d'aspects semblables, accompagnent une momie et contiennent ces viscères selon un symbolisme fixé.
Respectivement, faucon, chacal, homme et babouin, correspondent visiblement
                                                                          au scorpion, au taureau, au verseau et au lion.



     J'ajoute encore une correspondance à la lecture de "Le livre du Hopi' de Jhon Waters.

Les Hopis sont une tribu amérindienne du sud-ouest des USA.
La fresque murale ci-dessous figure une course entre deux menbres de clans différents: le coyote et l'hirondelle...pour une belle.
(Un peu comme le corbeau et le renard, tiré du Pancatantra hindou, par La Fontaine).


L'hirondelle se trouve favorisée par sa capacité à voler, mais est empêchée par la pluie; le jeune coyote lui, le sera par la boue causée par la pluie mais, aidé par les anciens de son clan, figuré par les quatre points dans le cercle, il use d'un "bouclier magique" grâce auquel il sera vainqueur.
Suite à cette évènement, tandis que le clan de l'hirondelle est bannis pour s'être opposé au choix de la promise, le clan du coyote, accomplissant son ultime migration, sera le dernier à intégrer le village d'oraibi, considéré par les Hopis comme leur centre spirituel sur terre.

Pour en venir plus précisément au sujet qui nous intéresse, le village d'Oraibi comprend douze grands clans et, parmi eux quatre principaux, qui sont dans l'ordre
                                       les clans de l'ours, du perroquet, de l'aigle et du blaireau.

Ils semblent correspondre, selon les tracés ci-dessus, respectivement
                                             aux taureau, au verseau, au scorpion et au lion:


[Ensemble composite: les animaux des quatre principaux clans; au centre et au pourtour, dessins traditionnels Hopi; tracé géométrique 'Maya', ensemble de solutions d'une équation non linéaire tiré de "La symétrie du chaos" de M. Field & M. Golubitsky].

Toujours selon l'ordre traditionnel de succession des clans, dans le même ordre de succession élémentaire selon le zodiaque: terre, air, eau et feu, les clans de l'araignée, du feu, du serpent et de l'eau pourraient correspondre aux signes de la vierge, des gémeaux, des poissons et du sagittaire _le groupe des signes mutables_; tandis que les clans de la citrouille, de l'arc, de la graine noire et du coyote, respectivement aux signes du capricorne, de la balance, du cancer et du bélier _le groupe des signes cardinaux_.

Ces éléments sont assez remarquable pour une tribu qui, bien qu'apparentée ethniquement aux aztèques, vie dans un espace naturel très pauvre, désertique.




     La trinité (trimurti) hindou:

                         Vishnu                                     Brahma                                   Shiva

Un  Vâhana est un animal, parfois mythique, qui sert de monture ou de véhicule à une divinité.

D'une façon générale, dans ce symbolisme, la monture caractérise certains défauts, que les divinités dominent.

Dans 'Arunachala: la montagne de Shiva', le lion 'Ventru' dit: "Sache que je suis le serviteur de Shiva ( ). Mon nom est Ventru. Lorsque Shiva désire monter sur son taureau aussi blanc que la montagne-des-plaisirs, le (mont) Kailash, il honore d'abord mon dos du contact de son pied".    (Trad. Michel Coquet ed:les deux océans).

Le lion est aussi la monture de Durga, qui est l'une des formes de la shakti, la déesse mère épouse de Shiva.

Bien que la représentation au-dessus le représente sur un serpent, le vahana habituel de Vishnu est un oiseau mythique, roi des êtres ailés, nommé Garuda.

 

"Un autre oiseau, nommé Hamsa est celui du dieu créateur dans l'hindouisme, Brahmâ.
Son caractère tient à la fois d'un l'aigle et du cygne. (Il représente l'âme ou l'être)". (Wikipédia).(Cependant, si l'oiseau Hamsa représente l'ame errante de naissance en renaissance, Garuda, lui, est celui qui saisit les Nagas, dragons, serpents: synonime d'énergies incontrolées).

Nous avons donc réunis trois aspects, lion, taureau, oiseau; pour ce qui du verseau, interprété comme une face humaine, le rôle peut être tenu par les brahmanes, en considération de la place, particulière, occupé par Brahmâ dans l'hindouisme.

      Ainsi, Shiva réside sur une montagne, considéré comme la plus élevé et, virtuellement hors d'atteinte du monde, hors d'atteinte du cycle; cycle qui est encore le serpent dont le Garuda s'empare.

Ainsi, Vishnu, périodiquement, au travers de ses avatars, s'incarne dans le monde (pour le libérer).

Brahmâ, quant à lui, se trouve complètement investi en celui-ci... 

"Il est traditionnellement représenté avec quatre têtes et quatre bras. ( ).

 Ses quatre têtes s'expliquent par la légende suivante : lorsqu'il était en train de créer l'univers, Brahmā engendra une déité féminine nommée Shatarūpā (IAST: Śatarūpā), celle aux cent formes superbes, également nommée Sarasvatī. Brahmā en tomba immédiatement amoureux. Śatarūpā se déplaça alors dans de nombreuses directions pour éviter le regard insistant de Brahmā. Mais, où qu'elle allât, Brahmâ se créait une tête pour pouvoir continuer à la voir. À la fin, il en eut cinq, une pour chaque direction cardinale et une pour regarder au-dessus.

Dans le but de contrôler le dieu, Shiva coupa la tête supérieure, mais lorsqu'il apprit queŚatarūpā était la fille de Brahmā, il décida que c'était inconvenant pour lui d'en être obsédé et décréta qu'il n'y aurait pas de lieu où il serait vénéré. En effet, seuls Vishnou - ou ses avatars - et Shiva continuent à être vénérés alors que Brahmā est quasiment ignoré ; il ne possède que quelques temples à lui dédiés, à Pushkar notamment. Depuis cet incident, Brahmā récite les quatre Veda en pénitence".    / (Wikipédia).

De fait, s'il ne lui est voué quasiment aucun culte, il est représenté, par contre, par la caste humaine des brahmanes, les prêtres.

"Un brahmane (brāhmaṇa, ब्राह्मण, lié au sacré) est un membre d'une des quatre castes en Inde (en sanskrit : varṇa, वर्ण, « couleur »), regroupant notamment : les sacrificateurs, les prêtres, les enseignants et les hommes de loi".  

C'est un non-violent absolu et un végétarien. Il appartient à classe sacerdotale qui a réussi à se maintenir au pouvoir uniquement par la science sacrée. Il n'y a jamais eu de tentation politique pour les brahmanes.

Plus généralement, un brahmane est un homme de lettres disposant de connaissances importantes sur le monde.    / (Wikipédia).

                                                   Web 10.-Brahmane-et-sa-petite-fille-journal des grandes écoles

Cette situation du brahmanisme, définie une création non achevée; et, qui se joue, encore et toujours, au niveau humain...

Important: un ensemble de tracés, que je développe plus loin, caractérise cet état de fait.

Dans le Dhammapada, texte du canon bouddhique, nous trouvons un chapitre sur le brahmane (stances 383 à 423):

/stance 383. _ Arrête le courant, fais un effort, débarrasse-toi de tes convoitises, O Brahmane! Arrivé à la destruction des existences composées, tu connaitras le Nibbana, l'incomposé.

/stance 391. _ Celui qui ignore le mal dans ses actes, dans ses propos, dans son mental, l'homme voué à cette triple restriction, je l'appelle Brahmane.

/stance 393. _ Ni les cheveux nattés, ni la caste, ni la naissance ne font un Brahmane. Celui en qui résident la vérité, la droiture et la pureté, c'est le vrai Brahmane.

/stance 406. _ Amical parmi les êtres hostiles, tranquille parmi les turbulents, désintéressé parmi les intéressés, tel est celui que j'appelle Brahmane.       (Trad. R & M de Maratray; ed. les deux océans).

      Nous pouvons encore associer les signes du lion, du taureau, du verseau et du scorpion,

respectivement, au chat, au boeuf, au chien et à la poule qui, domestiqués, sont les animaux les plus proches de l'humain.

Cela peut paraître plus prosaïque, mais c'est surtout plus pratique, relevant de notre expérience quotidienne.

Par ailleurs, nous pouvons aussi reconnaître la figure du cheval au niveau du verseau.

Et, nous retrouvons celle-ci au centre d'une représentation commune de la tradition tibétaine:

 

                             (Composition de et d'après des représentations traditionnelles)

C'est une nouvelle association.

Sa particularité nous permet d'aborder une autre caractéristique du symbolisme bouddhiste tantrique:

      nous pouvons avoir, au centre, d'une part une figure humaine à laquelle est associée le symbole de la roue, et d'autre part une figure de cheval à laquelle est associée le symbole de la foudre.

Dans la symbolique de la représentation du monde qu'est le mandala (monde _manda_, en

devenir ou mutation/ dynamique _la_), le chakra (la roue liée au tracé de la synthèse) et le vajra (la foudre liée au tracé du verseau) sont le pendant l'un de l'autre, et les plus représentés _en tant qu'éléments centraux_.

Le Shingon, le bouddhisme tantrique japonais, s'en tient d'ailleurs à la représentation de deux mandalas figurant ces deux principes, aspects matriciel et transcendant.

                                                                    Gartbhadhatu mandala, temple Toji.

L'aspect lié à la foudre, transcendant, est, généralement, dans cette tradition, jamais présenté au publique.

Ceci dit, dans la représentation symbolique animale au Tibet, les cinq ci-dessus sont parmi les plus représentés (notamment sur les drapeaux de prières:)

 

Le Garuda, le roi mythique des oiseaux, correspond au scorpion, le dragon au taureau; au premier est associé la notion de démesure, au second, plus profond niveau de liberté, la qualité d'insondabilité.

Aux deux autres, tigre et lion blanc mythologique, sont associés, respectivement, l'humilité et la vivacité; ces deux, précédent les deux premiers, selon la présentation qu'en fait Chogyam Trungpa Rinpoché dans 'Shambala _ la voie du guerrier'.

                                      \__ l'humble __ le vif __ le démesuré __ l'insondable __/

Tigre et lion blanc correspondent respectivement aux tracés du lion et à celui de la synthèse, auxquels sont associés, rappelons-nous, le lotus et la roue, le rouge et le blanc.

Mais avec ces seuls éléments, l'association, du tigre au signe du lion et du lion blanc à la synthèse des quatre signes fixes, peut paraître douteuse.

Pour en venir à bout, il faut encore remarquer que les aspects féminins, fors semblable, qui apparaissent au coeur de ces tracés, se distinguent de la sorte:

                        _celui au lion (apparaît pieds posés):

                        _tandis que celui de la synthèse (se dresse sur la pointe de ses pieds):

Nous comprenons mieux, ainsi, l'association qui peut être faite avec l'humilité et la vivacité (le lotus et le roue) avec, les dimensions d'horizontalité et de verticalité dans lesquelles s'étendent, ces deux silhouettes féminines.

«J'ai vu, éveillée de corps et d'âme, une image très belle, ayant la forme d'une femme qui était d'une suavité des plus choisies et si aimable par sa délicieuse beauté que l'esprit humain ne serait pas capable de la concevoir; sa stature tenait à la terre et allait jusqu'au ciel. Son visage aussi était d'une extrême clarté et ses yeux regardaient au ciel. Elle était vêtue d'une robe très blanche de soie claire et portait un manteau  orné de pierres extrêmement précieuses, émeraudes, saphirs, diamants et perles, et avait aux pieds des chaussures d'onyx. Mais son visage était couvert de poussière et son vêtement du côté droit avait été déchiré et son manteau avait perdu son élégante beauté, ses chaussures aussi avaient été souillées, et elle-même criait vers les hauteurs du ciel d'une voix  forte et sinistre, disant: "Écoute, ciel, car mon visage a été sali, et pleure, ô terre, car mon vêtement a été déchiré. Et vous, abîmes, gémissez, car mes chaussures sont noircies. Les renards ont leurs tanières, et les oiseaux du ciel ont leurs nids, mais moi je n'ai ni aide ni consolateur ni bâton sur lequel m'appuyer et qui puisse me soutenir."
«Elle disait encore: "Moi j'ai vécu dans le coeur du Père jusqu'à ce que le Fils de l'homme qui a été conçu et est né d'une Vierge eût répandu son sang, Lui qui m'épousa et me dota de ce même sang de façon à être régénérée, par la régénération pure et simple de l'Esprit et de l'eau, de ce qu'avait contaminé et desséché la haine du serpent. Ceux qui veillent sur moi, à savoir les prêtres qui devraient rendre ma face rutilante comme l'aurore et grâce à qui mon vêtement devrait briller comme l'éclair..."

Hildegarde de Bingen _ lettre aux frères de Kircheim. Dans: Régine Pernoud Hildegarde de Bingen conscience inspirée du XIIè siècle .  Ed. Du Rocher .

Pour conclure, des différents symbolismes présentés ci-dessus, nous pouvons tirer une morale, qui va trouver écho dans la suite de notre étude:

Si la représentation féminine au tracé de la synthèse est associée à la vivacité, celle au lotus, peut elle, par contre, être associée à la lascivité.

A l'inverse, l'homme au verseau, selon la tradition chrétienne, apparaît, d'après le tracé acheiropoïète, comme une figure en colère.

Nous avons donc deux défauts: colère et lascivité, opposés l'un à l'autre, comme le sont la foudre et le lotus auxquels ils sont rattachés, et associés, encore, respectivement, d'après la tradition, à l'homme et à la femme (comme le sont aussi, par ailleurs, le joyau et la clochette).

Au-delà de l'association aux deux sexes, ces deux extrêmes se trouvent ainsi associés à des représentations animales; alors que l'homme et la femme qui sont réunis au tracé de la synthèse sont dépourvus de ces défauts et plus exclusivement humains, si nous tenons compte que le lion blanc mythologique symbolise, aussi, la communauté bouddhiste.

                                                    ['Rien bouge' _ Hebdoart.com]

"Sache, O homme, que l'espace est tout entier rempli d'univers contenus dans d'autres univers des mondes entiers se superposent. Chacun est dans un autre et pourtant ils sont séparés par la règle".                                                                                                                    Hermès Trismégiste.

                                   L'humilité est le porche qui mène à la compréhension

                             La tolérance est le chemin où se rassemblent les etres 

                             L'empathie est le jardin où s'épanouissent les coeurs

                             L'amour est la pierre angulaire de l'existence humaine

                                                                                 Le Dalai Lama.

             "Cette humanité, précieuse s'il en est, trouvée difficilement, est perdue aisément;

                                           cette fois, tout son sens, donnons lui!"

Stance des préliminaires ordinaires dans la pratique du bouddhisme tibétain (trad. originale).